Récemment j'ai annoncé ma future paternité à mon petit cercle d'amis. Pas peu fier, c'est avec jubilation et le torse bombé que j'ai reçu un max de félicitations de tout mon entourage. Félicitations auquelles je répondais, heureux de ma taquinerie salace : « Oh tu sais, moi j'ai pas fait grand chose... » (moue génée pour les filles, sourire entendu pour les garçons.... la classe...).
Mais pourtant c'est vrai qu'on ne fait pas grand chose nous les futurs papa, c'est vrai que finalement on ne sert pas à grand chose... (Petite parenthèse, même si j'insiste lourdement sur l'existentialisme de cette question, je ne suis absolument pas dépressif et vous vous rendrez compte de l'amusement que suscite en moi ces réflexions une fois que j'aurais remis la main sur ma boite de Valium....)
Ah c'est bon, qu'est ce que je disais ? Ah oui, c'est vrai qu'on ne sert pas à grand chose nous les garçons. Biologiquement, en dehors de l’insémination, qui, pour les plus vantards, prend une demi heure (douche comprise), nous ne faisons rien pour le prolongement de l'espèce ! C'est pathétique ça non ?
C'est vrai quoi, le bébé on ne le porte pas (et puis quoi encore!), les nausées, on sait pas ce que c'est, moi la seule nausée que je vais connaître c'est le jour de la naissance vers trois-bouteilles-de-champagne moins le quart...
Pis, en cas d'extinction totale des hommes, il existera toujours la perfide insémination artificielle pour nous castrer définitivement ! Ce jour là, les femmes pourront choisir d'être TOUTES fécondées par Gorges Clooney.... Que des petits Clooney ! A condition que la haute autorité éthique abroge la lois sur le cloonage, pardon, le clonage.
Et pourtant, aujourd'hui j'ai compris.
Alors que le ventre de ma femme s’arrondit proportionnellement à mon sentiment d'inutilité, j'ai enfin saisi le pourquoi du comment de ma présence sur terre...
Alors que bien souvent on croit que, pour les femmes, la spécificité de l'homme tiens dans sa capacité à pisser debout, en mettre partout et pas baisser la lunette, elle m'a tendu un pot de confiture et ma simplement dit : « Tu peux m'l'ouvrir s'te plait ? ». Cette simple phrase m'a gonflé d'orgueil et de bonheur (oui il m'en faut peu), j'ai enfin une utilité !
Je sais que nombre de femmes n'essayent même plus d'ouvrir ces satanés pots sachant très bien à quel point on se sent un homme quand il s'agit d'ouvrir de la compote. Nombre de femmes savent très bien que, souvent, une « tape au cul » facilite l'ouverture et pourtant elle vous laisse l'honneur de montrer votre suprématie masculine car c'est vrai, on n'est pas tous égaux devant la conserve ! Merde !
J'irais même plus loin, j'affirme que si les bocaux sont si difficiles à ouvrir c'est volontaire. Vous ne me ferez pas croire qu'on envoi des gens dans l'espace et qu'on a pas été foutu d'inventer des ouvertures faciles... Alors, pour se donner bonne conscience, de temps en temps, un pervers sort une nouvelle ouverture... la languette en caoutchouc par exemple. Celui là devait être un masochiste qui aimait bien se niquer les doigts avant de bouffer des « haricots sauce bouts de verre » ramassés par terre parce que le pot avait ripé !
Et lorsque après une lutte héroïque, on tend, le front perlant, le visage congestionné et les phalanges bleuies, le pot, bel et bien ouvert d'un air nonchalant qui veut dire « pfuuu trop facile et encore j'avais les mains moites... », alors on sait qu'on à gagné dix point sur l’échelle de la virilité et que notre journée n'en sera que meilleure...
Moi, elle sait très bien que ça me fait du bien et du coup, elle me donne même à ouvrir les paquets de chips et les bananes et tant mieux si c'est pour que je me sente utile, parce que oui, je suis utile à l'humanité, JE SAIS OUVRIR LES POTS DE CONFITURES !
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